mais qui en même temps sont basés sur des, enfin qui sont majoritairement musulmans.
Donc en fait on doit vraiment penser de façon très locale quand on pense cette
question de visibilité, mais les questions elles se font toujours échos,
si vous voulez, même si elles se posent de façons un petit peu différentes,
mais pour parler du contexte occidental ici, on peut dire que la visibilité accrue
des femmes musulmanes, elle se développe aussi dans les années 1990, et elle est
liée très fortement à la visibilité accrue des musulmans en général en Europe.
Donc c'est des questions à la migration et à la réalité post-coloniale européenne.
L'affaire Rushdie à ce niveau-là, elle a été très clé pour créer de
nouvelles ruptures et de nouveaux potentiels en fait,
parce que à travers l'affaire Rushdie, les femmes en Angleterre,
les femmes musulmanes en Angleterre ont été obligées de se positionner à la fois
contre les hommes musulmans, donc la fatwa,
le brûlage de livres, les attaques contre un auteur, mais en même temps elles ont dû
se positionner contre les racismes que les musulmans rencontraient en Europe.
Donc là on avait une forme de subjectivité féministe qui était très ancrée dans le
contexte britannique à l'époque, mais qui en même temps ne jouait ni le jeu
des musulmans pratiquants qui voulaient que le livre soit banni,
mais en même temps qui ne jouait pas non plus le rôle de critiquer tous
les hommes musulmans et nourrir le racisme ambiant.
Donc et c'est à cette époque-là, à travers l'affaire Rushdie,
qu'on voit un petit peu partout en Europe en fait
des hommes et des femmes qui revendiquent l'islam publiquement.
Donc les prières en public sur la Place de République,
les affaires du voile à l'école en France,
donc si vous voulez un petit peu partout en fait il y a des échos de ça.
Et les femmes, à cette époque-là,
ont réussi à se créer des espaces où elles mettent en avant une vraie subjectivité,
qui est une subjectivité de femmes musulmanes pratiquantes mais
qui en même temps, comme je vous le disais, je me répète beaucoup là,
mais elles se positionnent contre les racismes en fait locaux.
Donc, Neil Ferguele a pas mal travaillé sur cette question en Europe,
et l'une des choses qu'elle avance, depuis les années 1980 en fait elle travaillait
sur la question du voile en Turquie et sur la visibilité publique des femmes,
mais avec le temps, elle part de cette question
du corps des femmes, du voile de la femme, de comment la femme vit son corps,
à des questions plus larges, des espaces publics, qu'est-ce qu'on fait avec les
piscines, les constructions de mosquées, les écoles, la mixité, etc.
Donc en fait, ces débats qui pendant très longtemps, sur la visibilité des femmes,
se concentrent sur le voile de la femme, toutes les sortes de voiles différents
nous amènent jusqu'au débat de la burkini de l'été passé, sont un peu symboliques
de tensions civilisationnelles, et assez souvent elles n'ont pas grand
chose à voir avec les droits des femmes et l'autonomie des femmes,
ou le droit des femmes à disposer de leur corps, mais ont à voir plutôt avec des
questions plus larges qui ont à voir avec la colonisation, le racisme, etc.
>> Finalement, j'aimerais revenir sur une question
d'ordre un peu plus méthodologique et vous demander comment concrètement saisir
la diversité de ces mouvements, notamment au niveau de l'enquête sociologique?