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[MUSIQUE] Je suis Amandine Barthélémy, je suis expert-associée à l'ESSEC et je suis
engagée depuis plus de 10 ans au service du développement des entreprises sociales,
c'est dans ce cadre que j'ai co-fondé en 2009 ODYSSEM qui est un collectif
d'experts et d'entrepreneurs qui œuvrent pour accompagner les entreprises sociales
à fort impact dans leur développement et leur changement d'échelle.
ODYSSEM est également engagé dans les chantiers stratégiques
comme le développement de l'emploi dans le territoire
ou le rapprochement entre les financeurs et les entrepreneurs pour inventer les
coopérations de demain et les innovations au service de l'impact social.
C'est dans ce cadre que nous avons écrit un livre sur les stratégies
et financement des entreprises sociales et solidaires qui a pour but
justement d'accompagner les dirigeants d'entreprises sociales dans
la maîtrise des outils de financement et la capacité à convaincre leurs financeurs,
et les financeurs dans la maîtrise de la subtilité du fonctionnement
des entreprises sociales pour les aider à grandir et à mieux se financer.
La relation entre financeurs et entrepreneurs est souvent réduite à une
dimension un peu instrumentale.
Finalement l'entrepreneur aurait besoin simplement
d'argent et c'est ce besoin de financement qui guiderait sa relation au financeur,
et le financeur serait soucieux de sa sécurité.
et de la rentabilité de son investissement,
ce qui limiterait aussi sa capacité de dialogue avec l'entrepreneur.
Comment ça se passe concrètement, qu'apportent les financeurs et comment
les entrepreneurs peuvent bénéficier d'une relation de qualité avec leurs financeurs?
On voit qu'il y a plusieurs dimensions, quand on regarde les financeurs,
ils ont sur leurs bureaux une dizaine voire une centaine de business plan
par an qui leur arrivent, de business plan de développement de secteurs très variés.
Et finalement quand un entrepreneur dialogue avec un financeur,
il peut justement bénéficier d'une vision sur les tendances de marché,
les évolutions réglementaires, un certain nombre d'éléments
très structurants pour sa stratégie de développement.
Donc déjà, il est important de se dire mon partenaire,
mon financeur peut être finalement source de conseils stratégiques clés pour moi.
Par exemple France Active produit régulièrement des notes,
sorte de synthèses sectorielles sur les tendances d'un marché.
Autres dimensions importantes, un financeur est aussi une source de contacts
incroyable, qui peut apporter un carnet d'adresses.
On a vu plusieurs investisseurs qui se sont tellement finalement engagés dans le
lien avec les entrepreneurs, que par exemple un membre du comité
d'investissement de filtreuse est devenu le dirigeant d'une entreprise,
pour ne pas la nommer Ecoterre.
Puisque Hervé Bone est passé de filtreuse à la direction
de ce projet donc finalement les financeurs sont des ressources
précieuses qui peuvent être mobilisées.
De façon informel dans des comités stratégiques
et des comités d'accompagnement ou dans la gouvernance et apporter ses conseils,
ses retours de façon très précieuse pour les projets.
Il est important de se dire que les financeurs et les entrepreneurs
doivent partager une ambition commune.
Et c'est quand ils partagent cette ambition commune que finalement
il y a une véritable convergence et un développement du projet.
Comme le dit le directeur financier d'Ethiquable qui est une
structure coopérative de commerce équitable,
il ne suffit pas d'envoyer régulièrement son rapport d'activités et ses comptes,
il faut voir régulièrement ses financeurs, dialoguer ça permet de cultiver
la transparence et surtout d'anticiper les difficultés.
Par exemple, cette entreprise Ethiquable, donc qui importe, transforme en France,
distribue et commercialise un certain nombre de produits du commerce équitable,
a rencontré en 2009 des difficultés, grâce au dialogue qui avait eu lieu précédemment
avec ses partenaires bancaires notamment avec le crédit Coop,
la Nef, Ethiquable a pu justement passer ce cap délicat,
cette crise qui aurait pu mettre vraiment en danger l'entreprise.
Et par exemple la Nef et le crédit Cop ont débloqué des emprunts de façon facilitée,
pour éviter une rupture de trésorerie.
Echanger des informations c'est essentiel pour nourrir la relation
de confiance et la transparence entre les partenaires mais finalement pas
n'importe quelle information, il faut pouvoir piloter
la nature des indicateurs qui sont partagés pour qu'ils soient lisibles,
pour que finalement un partenaire financier comprenne de quoi il s'agit et
que pour l'entreprise sociale ce soit des indicateurs très utiles.
il y a trois types d'indicateurs qui sont essentiels pour bien communiquer sur son
activité et surtout pour bien la piloter.
Les premiers indicateurs sont les indicateurs d'activité :
finalement être capable de dire quelle est la nature de l'activité,
le volume d'activité, la repartition entre ces activités.
Si on prend l'exemple d'un REDS qui est un groupe d'insertion qui accompagne chaque
année plus de 400 personnes vers l'emploi et qui a une multitude d'activités
au service de l'emploi, ce qu'ils ont choisi comme indicateur d'activité c'est
justement la repartition de leur activités entre les différents métiers
que ce soit le nettoyage, le transport logistique,
les ateliers et la réalisation de services commandés pour les entreprises.
Quand on regarde la deuxième série d'indicateurs essentiels pour communiquer
de manière simple et visible sur la bonne santé financière de l'entreprise, il y
a justement les indicateurs économiques et financiers, il s'agit là de se dire voilà
quels sont à la fois les prix pratiqués par l'entreprise, ses coûts de revient,
sa structure finalement de financement, son pilotage de sa trésorerie.
Troisième type d'indicateurs, l'essentiel c'est évidemment les
indicateurs d'impact social et environnemental.
Donc avec REDS évidemment le premier indicateur d'impact social c'est le retour
à l'emploi des personnes, donc les taux de sortie positifs,
les taux de sortie dynamiques vers l'emploi qui sont suivis par un REDS
de façon très fine et très précise avec justement la nature des sortie vers
l'emploi mais il y a également d'autres types d'indicateurs très intéressants qui
ont été mis en place et qui ont précédé les exigences des financeurs
pour se dire finalement entre, pour une personne qui rentre dans une structure
d'insertion et qui en sort quel a été le travail fait sur les freins à l'emploi,
logement ou les problèmes de santé,
les problèmes d'addiction, finalement comment la personne a bénéficié à la fois
de l'accompagnement social qui est proposé dans le cadre d'une structure d'insertion
et de sa reprise de confiance en elle à travers des habitudes de travail.
Il ne s'agit pas d'un côté d'avoir des chiffres,
de l'autre des indicateurs qualitatifs sur l'impact social mais vraiment une vision
d'ensemble pour communiquer de la manière la plus simple, la plus visible et du coup
la plus convaincante vis-à-vis de ses partenaires financeurs.
L'idéal c'est justement de dialoguer suffisamment régulièrement pour pouvoir
ajuster, enrichir et affiner ces éléments de pilotages
qui sont essentiels pour nourrir la confiance et bien piloter l'entreprise.
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