des contraintes économiques du marché dans lequel le ménage ou l'entreprise arbitre,
lors de son choix de localisation, entre le prix du foncier et de l'immobilier,
d'une part, et du coût de transport, d'autre part.
Le deuxième mécanisme est régi par les préférences et sensibilités des ménages
et des entreprises par rapport à l'environnement urbain.
L'environnement urbain,
ici, englobe plusieurs facteurs tels que les aménités spatiales permettant aux
ménages de réaliser leurs activités et loisirs en dehors du travail.
Il englobe également l'environnement social du quartier et sa composition
socio-économique et culturelle, voire ethnico-raciale,
auxquels les ménages peuvent être sensibles dans leur choix de localisation.
Même si les entreprises peuvent être également sensibles à l'environnement
social, via leurs salariés ou leurs clients,
c'est le facteur des économies d'agglomération qui est le plus souvent
pris en compte dans les choix de localisation des activités économiques.
Ces deux premiers mécanismes agissent à l'échelle micro
et dépendent des comportements des ménages et des entreprises.
Le troisième mécanisme agit quant à lui au niveau macro,
à travers l'action des politiques publiques dans l'offre de localisation et
ses caractéristiques réelles ou perçues.
Le premier mécanisme d'arbitrage entre prix du foncier et immobilier, d'une part,
et coût de transport, d'autre part, fait référence à la rente d'enchère issue de
travaux très anciens en économie spatiale, et notamment du travail
pionnier de Von Thünen au XIXe siècle sur la répartition des cultures autour d'un
marché situé au centre et où le facteur discriminant est la distance au centre.
Ce travail a été développé et adapté à la localisation résidentielle des ménages
dans les années 1960 par Alonso.
Et d'autres travaux ont combiné firmes et ménages pour analyser les
localisations sous le même paradigme de la rente d'enchère et l'arbitrage entre
prix de l'immobilier et coût de transport, représenté à partir d'une
distance au centre, comme l'illustre la figure ci-contre.
Dans cet exemple, les activités avec les plus fortes capacités d'enchère
sont les plus sensibles à l'interaction en face-à-face et se retrouvent au centre
pour bénéficier de la meilleure accessibilité.
Les manufactures lourdes sont en revanche plus loin, en périphérie.
Au-delà de l'arbitrage entre marché foncier et coût du transport,
les activités économiques sont très sensibles à l'environnement urbain
et aux économies d'agglomération.
Selon Alfred Marshall, ces économies d'agglomération
sont liées à trois sources : les économies reliées à la proximité d'un grand nombre
de fournisseurs spécialisés en biens intermédiaires et services,
celles reliées à la présence d'un plus grand bassin de main d'œuvre spécialisée
et stable, et celles liées à la diffusion des connaissances,
ou ce qu'on appelle les externalités technologiques.
Il existe deux types d'économies d'agglomération : les économies
d'agglomération intra-industrielles, ou les économies de localisation
entraînant la spécialisation à travers la concentration de firmes d'un même secteur
d'activité en un même lieu géographique dans lequel se constitue
un réseau de liens en aval et en amont spécifique à ce secteur.
Aussi, par la similarité de leurs activités, la transmission de
l'information serait plus pertinente et plus fluide au sein du même secteur.
Par contre, les économies d'agglomération inter-industrielles, ou ce qu'on appelle
les économies d'urbanisation, découlent de la diversité industrielle d'une région.
La présence d'un grand nombre de secteurs d'activité et de services différenciés
dans une même région permet de répondre plus adéquatement
aux besoins des firmes et des habitants qui s'y trouvent.
De plus, les externalités technologiques se diffusent,
non seulement au sein d'une seule et même branche,
mais jouent en faveur de l'ensemble du tissu industriel de la région.
Ainsi, certaines entreprises sont sensibles à la coprésence d'entreprises du
même secteur, alors que d'autres ont une préférence pour la diversité.
En aménageant différents types de zones d'activité,
les acteurs locaux essaient de favoriser cette forme de coprésence afin d'améliorer
l'attractivité de certains territoires.
Les ménages sont sensibles, dans leur choix de localisation,
à la présence des aménités spatiales dans l'environnement urbain.
Le travail de Thibaud en 1956 est le premier à
avoir abordé le rôle des aménités dans la localisation résidentielle,
à travers les préférences pour les biens publics locaux.
Les ménages aisés ont tendance à se localiser dans des zones aisées
pour bénéficier des équipements publics de bonne qualité, tels que les écoles,
tout en optimisant le niveau de leurs taxes, la qualité des écoles étant un des
facteurs les plus déterminants des choix de localisation des ménages, aujourd'hui.
On peut distinguer, dans la catégorie des aménités spatiales, les aménités exogènes
considérées comme caractéristiques spatiales de la zone, aménités naturelles,
telles que la proximité de fleuves ou des espaces verts, ou aménités historiques,
telles que les musées, et de l'autre côté, les aménités endogènes ou modernes,
qui dépendent en grande partie des conditions économiques du quartier,
et notamment du niveau de vie de ses habitants.
Je peux citer les équipements sportifs, tels que les terrains de golf,
les théâtres, ou les restaurants.